L’AVENTURE DES RADIOS PIRATES ET PRIVÉES SUITE ET FIN


LES RADIOS PIRATES ET PRIVÉES SUITE ET FIN

On retrouve là encore des gens qui rêvent d’avoir leur radio et avec elle la pub et des revenus confortables, nous allons faire un rapide survol.

La première à se présenter dans l’ordre d’apparition à l’image est Radio Luxembourg, elle date de 1933, même schéma, monopole du Grand Duché sur l’émission radiophonique mais avec un détail digne des luxembourgeois, ce monopole sera selon la Loi attribué à une personne privée qui devra s’entendre avec la tutelle du Gouvernement, cela va de soi.

Bien entendu cela aiguise les appétits de ceux qui se seraient bien vus à la tête d’une puissante radio périphérique à l’abri des contingences françaises et qui rapporte …..Différents compromis sont avancés par un consortium regroupant le luxembourgeois François Anen, les français Henri Etienne et Jean Le Duc, et le partage du gâteau se fera entre le privé et le Grand Duché.

Radio Luxembourg émet dès le 15 mars 1933 en Allemand, Français et Flamand « cibles » de ses émissions. Là aussi des initiatives avec le direct du Tour de France en 1934. Cinq ans après, la guerre est déclarée et Radio Luxembourg passe sous la coupe nazie et sa propagande démoralisatrice en direction des alliés, 1945 les américains libèrent le Luxembourg et juste réponse du berger à la bergère, propagande américaine destinée à démoraliser les allemands. Juste après, un soupçon de «  Voix de l’ Amérique » et fin 1945 Radio Luxembourg retrouve son credo.

Pour connaître son impact il suffit de se remémorer l’appel de l’Abbé Pierre sur ses ondes lors de l’hiver 1954 et de la mobilisation humanitaire qui s’en est suivie.

C’est aussi l’époque de « Reine d’un Jour « de Jean Nohain qui sera repris par la télévision. 1964 on augmente la puissance, mais toujours les mêmes émissions mieux reçues en France, 1966 dépoussiérage générale de la grille d’antenne, style plus moderne, plus jeune avec des référents : André Torrent, qui a fini son sillon il y a peu le week-end dès potron-minet , Fabrice, Anne-Marie Peysson, l’inénarrable Ménie Grégoire et en 1977 Philippe Bouvard et ses Grosses Têtes transmises du siège historique de la station le 22 rue Bayard à Paris.

Pas de problème majeur avec les autorités française du fait de la souveraineté du Grand Duché, mais toujours l’impression d’un caillou dans la chaussure surtout lors des événements chauds dans l’Hexagone.

Il nous reste le cas d’Europe n°1, complexe …..

Au départ et ça n’étonnera personne, un homme d’affaires ; Charles Michelson. En 1939 il possède une petite radio à Tanger qui diffuse sur l’Afrique, la guerre l’oblige à remettre son émetteur au gouvernement de Vichy. La libération arrive et le gouvernement français reprend ses anciennes habitudes et rétablit le monopole dont s’échappe trois radios «  privées », Radio Andorre, Radio Monte Carlo à l’origine trouble crée par Pierre Laval et l’occupant et Radio Luxembourg ci dessus citée.

Ce qui caractérise tous ces créateurs de radios futures commerciales est un appétit sans borne et un flair infaillible pour trouver la faiblesse dans la cuirasse protectrice de l’État .

Pour Michelson, il profite que la Sarre Allemande soit sous protectorat français et obtient un droit d ‘émission pour cette région. En 1952 la Sarre ayant retrouvé son autonomie il est bénéficiaire d’une autorisation de concession à installer un émetteur de forte puissance. Il s’associe avec Louis Merlin qui avait lancé Radio Luxembourg plus quelques autres grandes signatures de l’époque dont Pierre Sabbagh et s’installe dans les locaux des anciens studios de « La Voix de l’Amérique » 26 Bd François 1er.

Le 1er Janvier 1955 essais mais Europe n°1 «  brouille » d’autres fréquences dont, situation cocasse, celle de Radio Luxembourg qui ne bénéficie pas non plus d’autorisation, un comble.

Autre détail curieux, la station se cale sur 1647 m ( 182 kHz) qui est l’ancienne fréquence de Radio Paris, l’émetteur étant toujours en Sarre en RFA à l’époque.

En matière journalistique, le ton de la station est contestataire, faisant la part belle à des informations non diffusées en France. L’État profite d’une faiblesse dûe à un mauvais passage pour mettre la main via la SOFIRAD ( à la base de RMC) dans le capital d’Europe n°1.

L’information est désormais traitée par les journalistes eux-mêmes qui n’hésitent pas à aller sur le terrain surtout depuis l’ arrivée du magnétophone Nagra ,«  léger » et performant qui leur octroie une grande autonomie par rapport aux camions radio englués dans des procédures administratives et corporatistes.

Pour qui se souvient des années60′ de la station il y avait le « Café de l’Europe » avec Maurice Biraud dit Bibi, un genre de chansonnier sur la vie de tous les jours, des feuilletons comme « Signé Furax » de Pierre Dac et Francis Blanche, « Vous êtes formidable » de Pierre Bellemare, « Salut les Copains » et « Campus » pour les jeunes fin de rivaliser avec les radios pirates ( et oui encore elles) anglaises etc ….

En 1968, Europe n°1 est sur les barricades avec journaliste et émetteurs légers, il s’ensuit une coupure des fréquences de liaison avec l’émetteur en Sarre ainsi que pour Radio Luxembourg et une purge. Giscard d’Estaing Président de la République ( Bôsoir Madame, Bôsoir Mademoiselle, Bôsoir Monsieur) met la main dans le pot de confiture, lui aussi ,avec coup de balai, François Mitterand à son tour en remet une couche en s’immisçant dans la gestion de la station pour être plus en accord avec ses vues, il a fallu attendre 1986 pour qu’Europe n°1 devenu Europe 1 redevienne privée.

Deux conclusions découlent de mes propos :

1°) La base de toute radio commerciale privée passe automatiquement, vu les capitaux engagés, par des hommes d’affaires téméraires qui attendent un retour sur investissement par le biais des royalties découlant de la réclame devenue entre temps la publicité,

2°) Quelque soit sa couleur politique n’importe quel gouvernement a subi plus qu’accepté ces radios commerciales qui « égratignaient » le Monopole de le Diffusion et échappaient à leur contrôle, de l’information en particulier.

Voilà, c’est fini, nous allons en rester là car le sujet est si vaste qu’on pourrait y passer des mois….

La prochaine fois , je vous expliquerai comment la TSF à ses tous débuts a permis pour la première fois l’arrestation d’un criminel, mais cela est une autre histoire ……

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