Les radios libres

The Johnny Walker show ou les radios pirates

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Qui fleure bon la soixantaine passée a connu peu ou prou les radios pirates dont les plus connues des années 60′ furent Radio Caroline ( 199/259m), Radio London (266m), Radio City pour ne citer qu’elles.
Toutes les trois anglo-saxonnes, les deux premières émettaient à partir de bateaux mais plus sûrement de rafiots se trouvant dans les eaux internationales, la troisième sur une plate-forme de défense anti-aérienne datant de la 2ème guerre mondiale.
Vous allez être surpris mais au zénith de sa gloire Radio Caroline avait 25 millions d’auditeurs, en Grande Bretagne, certes, c’était la cible, mais aussi en Belgique, en Hollande ( le pays) et sur le Nord-Ouest de la France, le scribouillard qui éructe ces lignes en faisait partie et garde religieusement des bandes magnétiques en 9,50 cms de cette époque…..
Pourquoi des radios Pirates se demande-t-on ?
Pour des jeunes cela ne signifie pas grand-chose actuellement, mais dans les années 60′ la bande FM ou plus exactement MF comme on disait à l’époque était vierge comme le jungle du même nom mis à part trois postes « d’ État « comme ils étaient reconnus : France Inter, de programme tout venant, France Musique, un peu plus élaboré mais classieuse et France Culture, franchement soporifique, le reste ? Rien pas un rad, pas une mob, rien comme aurait dit Coluche.
Changeons de mode d’émission et passons en Modulation d’Amplitude plus connue sous son petit nom de Grande Ondes ( GO) ou Ondes Longues LW in English) .
Là dessous qui qu’on trouve ? De la gauche vers la droite du cadran, un poste étranger lointain, Radio Luxembourg, Radio Monte Carlo mais très faiblard, la BBC (en anglais, très Oxfordien ou Cambridgien allez savoir), Europe n°1 ( ce qui sous-entendait qu’il y aurait d’autres numéros) oui numéro un avec des animateurs, de la musique, des infos, beaucoup de réclames, et quelques émissions pour les jeunes et tout à droite France Inter la même qu’en MF moins nette, plus facile à réceptionner , mais toujours hors des clous pour la jeunesse.
Et c’était partout pareil en Europe .
Alors imaginez qu’au milieu de cette ambiance feutrée, sur les Ondes Moyennes (OM) (MW) , d’un coup, déboule des groupes de Rock, ( Beatles, Rolling Stones, j’en passe et des meilleurs) de la pub anglaise ou internationale (we don’t care, on s’en fout), les premiers Jingles, les premiers charts ( Hit- Parades) , des animateurs branchés sur le 220, ça boostait fort et 24 h sur 24, animateurs qui bravaient d’ailleurs pas mal d’interdits tels que la sexualité, la drogue, parlaient le même langage que tous les jeunes et passaient de la musique interdite ou pire encore au yeux de la censure…
Envoyée balader la radio de Papa, ça répondait à une attente de cette jeunesse qui commençait à secouer fort le carcan sociétal, 68′ n’est pas loin…
Bien entendu Very Shocking au 10 Downing Street et chez la Queen !!!!
La BBc victorienne n’en demandait pas tant et n’en croyait pas ses écouteurs.
Mais les eaux internationales sont internationales….
Mais au fait ça partait d’où ces émissions ? Et bé de bateaux …….pirates.
Pour l’anecdote et pour enfoncer le clou Radio Caroline avait hissé le pavillon noir à tête de mort et tibias croisés agrémenté d’un pylône et d’éclairs symbolisant les émissions. Une provocation de plus car Jolly Roger était l’apanage des hors la loi, ce qui était d’ailleurs le cas dans le domaine des fréquences mais j’y reviendrai plus tard.
Donc au milieu de la Mer du Nord, de gros chalutiers avec un mât antenne démesuré ; à bord un inventaire à la Prévert, des marins pour le bateau, un diesel pour le groupe qui fournit le jus et il en faut, des animateurs, du matériel son, un ou des émetteurs, du personnel et du matos pour la logistique ( miam-miam, dodo et approvisionnements ) des réserves que sais-je encore et un raton laveur.
Avez vous essayé de faire tourner un vinyle par gros temps, pas simple, plus dangereux encore, poser le stylet et faire un commentaire en même temps sans renvoyer par dessus bord le dernier repas, alors que dehors le vent hurle et que les vagues passent par dessus bord, faut avoir un bonne dose d’abnégation ou d’amour du métier….
Mais ça marchait, musique et programmes en strates , le monde de la jeunesse était au rendez-vous filles comme gars.
Les revenus ? De la pub, cela, d’ailleurs sera un talon d’Achille et bien entendu une mise fonds conséquente.
Il fallait presque deux ans pour transformer un chalutier en bateau-radio-pirate.
Donc, disais-je des reins solides pour apporter les noisettes de bases dans l’affaire ; pour Radio Caroline, un Irlandais, ce qui n’étonnera personne, Ronan O’ Rahilly et pour Radio London l’Américain Don Pierson et le groupe financier Philip Birch.
Comme vous le voyez l’histoire balbutie, car à peine 20 ans plus tard les radios  »libres » secouaient aussi le cocotier du Monopole.
Nous allons procéder par la suite, à des subdivisions ; la suite et fin des radios pirates, et, quoique terrestres, en bravant l’interdit Radio Luxembourg et Europe n°1 n’étaient-elles pirates ?
Que dire d’avant guerre de Radio Toulouse, première radio commerciale structurée et de haute puissance, du triste sort de Radio Andorre et de la Sofirad issue de la collaboration avec l’ennemi pour créer Radio Monte Carlo, pas simple tout çà.
Je vais essayer avec mes faibles lumières d’éclairer votre chemin sur la voie des radio non d’État.
Donc, à la prochaine si vous le voulez bien ……
Pour patienter vous pouvez écouter les jingles de Radio Caroline :

 Trouvé dans les Panama-Papers, les débuts des radios locales by EPHEM…(1)

LES RADIOS LOCALES
par EPHEM
Antenne d' émission FM
Je roule sur l’A13 en direction de Paris, le soleil brille, et la circulation est fluide. Ce matin, comme tous les jours, une musique douce venant de mon radio-réveil m’a tiré des bras de Morphée. Pendant que je prenais mon petit-déjeuner j’ai écouté les dernières nouvelles et Radio-Trafic pour connaître l’état de la route.
Je viens de franchir le péage de Mantes et la radio FM que j’écoute depuis mon départ (bravo et merci le RDS) se met à « crachouiller » comme si une autre radio « bavait » sur la même fréquence. Bizarre, bizarre ! Poursuivant ma route, cela n’a pas duré bien longtemps. Cependant, cela m’a fait penser à une époque déjà assez lointaine, du temps de l’apparition des radios locales et de leurs premiers balbutiements… Au fait, c’était quand ?… Vous dites ? Il y aurait autant d’années que çà ?
Si vous avez la trentaine, vous pensez sans doute que la bande FM a toujours ressemblé à ce qu’elle est aujourd’hui : eh bien non, ce n’est pas le cas et je vous propose de remonter le temps, et pour commencer, « dresser un état des lieux » daté des années 1975/1980.
A cette époque, lorsqu’on souhaite écouter de la musique à la radio on a les « Grandes Ondes » : France Inter, la radio d’état, concurrencée par des radios situées hors de l’hexagone telles Europe 1 et RTL. (plus la BBC, mais sans intérêt sauf pour les anglophiles). Au sud de la France, émettent en Ondes Moyennes, Radio Andorre et Radio Monte-Carlo. Pourquoi hors de l’Hexagone ? Pour respecter mais surtout contourner le sacro-saint monopole de la radiodiffusion française.
Europe 1 et RTL, radios généralistes, se démarquent par une tonalité plus moderne et utilisent un langage et une programmation musicale qui séduisent les jeunes auditeurs. De plus, n’ayant pas à se soumettre aux ordres donnés par le gouvernement français, elles adoptent une certaine liberté de parole, ce qui plaît beaucoup…
Toujours dans ces années 1975/1980 on peut écouter des programmes émis depuis déjà quelques années en Modulation de Fréquence mais le fameux monopole fait que la bande FM est utilisée par 3 programmes, France Inter (le même qu’en GO) France Musique et France Culture. La bande FM est en réalité sous-employée et le curseur du tuner peut explorer le cadran de 88 à 108 Mhz pour trouver ces 3 programmes (mais pas un de plus) en plusieurs points. Certes la qualité sonore est là: absence de parasites, confort d’écoute et… la stéréo ! Quant au contenu des programmes, rien qui satisfasse les teenagers …
L’attente en matière de musique moderne, actuelle, pluridisciplinaire et sans frontières se fait de plus en plus pressante et explique l’aventure assez surprenante des radios-pirates, telle Radio Caroline. Imaginez un émetteur placé sur un bateau ancré en Mer du Nord, diffusant en Ondes Moyennes, et cela malgré des conditions météo souvent difficiles ! Pour en arriver à cette solution, « il faut en vouloir » et surtout disposer de moyens financiers importants !
Soyons honnêtes : imaginons un instant qu’une brèche soit ouverte dans ce monopole tant décrié : qui, disposant de capitaux suffisants, pourrait créer une radio couvrant l’ensemble du territoire ? Comment rentabiliser une telle opération avec un matériel coûteux et particulièrement énergivore, même en Petites Ondes.
Si vous ne connaissez pas Allouis, ce petit village du Cher qui héberge les gigantesques antennes (350m) de France Inter en Grandes Ondes, je vous invite à consulter les pages Wikipédia qui lui sont consacrées. Outre les GO de France Inter, Il faut retenir que ce dispositif réparti sur plusieurs hectares, gère des antennes plus modestes, directionnelles et certaines peut-être stratégiques… Appelons cela « la voix de la France au-delà de nos frontières… »
Durant l’été 1977, passant quelques semaines en Italie dans une station balnéaire du Nord de l’Adriatique, j’avais été surpris de voir des jeunes ayant « bricolé » une radio avec un matériel assez hétéroclite mais fonctionnant en FM ! Certes, il s’agissait là d’une installation éphémère mais, compte tenu de l’amateurisme des bricolos et de la simplicité du matériel utilisé, le résultat était assez satisfaisant ! J’avais vu au passage que le pilote HF ne semblait pas être un montage amateur mais plutôt professionnel, ce qui signifie qu’à cette époque, des industriels italiens construisaient déjà ce matériel ! Pour ma part, je me suis pris à rêver …
1979 puis 1980, d’autres que moi ont fait le même constat et seraient prêts à tenter leur chance. Nous sommes en période pré-électorale pour la Présidentielle: parmi les nombreuses promesses d’un candidat, il est notamment question de la possibilité d’assouplir le monopole de la radiodiffusion française. Voilà un message reçu 5 sur 5 par ceux qui trépignent. Très rapidement quelques radios apparaissent sur les ondes, il faut dire qu’il reste de la place disponible sur la bande FM ! Certaines radios le font discrètement, d’autres au contraire revendiquent « un droit à l’antenne » et se placent dans une attitude d’opposition …
Hélas, le sacro-saint monopole est toujours en vigueur et quelques descentes de police ou gendarmerie règlent rapidement le problème : porteuse étranglée et saisie du matériel ! Patience, c’est peut-être l’affaire de quelques mois.
C’est dans ce contexte que vont apparaître les RADIOS (dites) LOCALES.
Mai 1981, un nouveau locataire ayant pour initiales F. M. arrive à l’Élysée. Non ! Ce n’est pas un gag, mais juste une coïncidence !
Sans trop se soucier des possibilités réelles octroyées aux éventuelles radios FM par le nouveau pouvoir, c’est l’effervescence un peu partout dans le pays. Quelques copains décident de passer à l’action, se réunissent, additionnent ce que chacun peut donner pour constituer le capital nécessaire à l’achat du matériel, et pour commencer créent une structure. Ce sera bien souvent une Association du type « loi 1901 donc à but non-lucratif » (on aura l’occasion d’en reparler) On trouve facilement un Président, vice-Président et un Trésorier (cela sera vite nécessaire !). On dépose les statuts auprès des services de la Préfecture en précisant que l’objet de l’Asso est la gestion d’une radio.
Et c’est le début de l’aventure : très vite, il faut trouver
  • Un local et un endroit où placer l’antenne
  • Une fréquence disponible et le matériel HF (pas courant comme matériel !)
  • Un nom pour la radio, un nom qui sonne bien si possible !
  • Un bon bricoleur ayant des notions de radiodiffusion, cela peut servir !
  • etc, etc
Dans une situation qui tient du flou… pas toujours artistique, tant les autorités compétentes sont débordées, il est bien difficile de savoir qui contacter pour se mettre en conformité et déclarer la radio naissante. Assez surprenant, on aura dans les premiers temps, non pas l’autorisation d’émettre, mais seulement …
« une dérogation à l’interdiction d’émettre »
A suivre …

LES RADIOS LOCALES (suite 2)

par EPHEM

UN LOCAL POUR LA RADIO

Second semestre de 1981, nous sommes quelques amis désirant créer une radio FM et nous sommes à la recherche d’un local. Vu l’état des finances dont nous disposons, louer un bureau, une boutique, un petit studio est tout simplement exclu. De plus nous avons conscience qu’il faut aller vite. A la réflexion, il apparaît que ce local doit répondre à plusieurs critères :
  • être accessible aux différentes personnes qui devront se relayer aux manettes
  • être cependant sécurisé par crainte des indésirables, des voleurs ou du vandalisme
  • être situé dans un milieu non bruyant ou assez bien insonorisé
  • avoir un endroit à proximité pour disposer le mât qui supportera l’antenne
  • être d’une surface suffisante pour pouvoir accueillir quelques invités à une émission.
Avec des bonheurs divers et variés, les radios vont trouver un local, quelquefois provisoire, rarement luxueux et parfois cocasse : légende ou réalité, il a été écrit que les 2 comparses ayant créé NRJ se sont lancés en installant leur matériel sur 2 planches posées sur la baignoire d’une salle de bain !…
En zone rurale, on trouve parfois un coin de grange facilement aménageable, par contre en ville, les locaux disponibles et bon marché sont plus rares. Concernant la radio à laquelle j’ai participé, le problème du local a été résolu assez simplement. L’un des « membres fondateurs » étant propriétaire d’un pavillon en ville haute, il est apparu qu’on pouvait utiliser un espace contigu à sa maison pour y implanter un local en construction légère. Pas de fondations mais un plancher constitué de palettes et de panneaux de particules, cloisons en placo, bref, bien avant d’envoyer la musique, chacun dans l’équipe s’est investi en fonction de ses capacités.
Résultat obtenu, ce local d’environ 30/35 m² de plain-pied facilement accessible mais discret avec, desservis par un couloir, la régie (matériel BF relié à une table de mixage) et de l’autre côté d’une vitre, le studio avec une table et plusieurs micros. Ce n’est pas le grand luxe mais avec un peu de « système D »…
Et l’antenne alors ? Cela peut être utile ! Un mât d’environ 12 mètres est bricolé en mettant bout à bout plusieurs sections de tubes de 35 m/m de diamètre, mât qui sera haubané et sur lequel on fixe une sorte de « trombone ». Oh pardon ! Le trombone en question s’appelle un dipôle, bande d’ignares ! Le matériel HF (un pilote et un ampli HF) quant à lui, sera placé dans les combles du pavillon, le plus près possible de l’antenne. On va bientôt pouvoir émettre, mais au fait, sur quelle fréquence ?
LA FRÉQUENCE
En parcourant la bande FM, on constate qu’à côté des France inter, France musique et France culture, on entend des bruits bizarres, les essais des radios concurrentes et parfois « des blancs ». Les néophytes que nous sommes apprendront à quoi correspond ce blanc : une porteuse. Si on scanne lentement la bande FM d’un bout à l’autre, et que le bruit de fond disparaît pour faire place au silence, on est en présence d’une porteuse. Si on continue à scanner on retrouvera le bruit de fond. La porteuse est le résultat d’un signal engendré en FM, signal qui ne reçoit pas de modulation (pas encore pour l’instant).
En l’absence de directives précises des pouvoirs publics, chaque radio naissante va s’octroyer une fréquence située dans une zone de la bande FM encore disponible et, même si elle n’est pas encore en mesure d’émettre un programme musical, va entretenir au minimum une porteuse sur cette fréquence 24h sur 24 pour signifier aux autres son intention de l’occuper plus tard.
Assez vite, la bande FM va connaître une nouvelle vie. En province, on assistera parfois à des querelles, non pas de clochers mais de fréquences, querelles qui se régleront plus facilement quand on pourra savoir qui émet et pouvoir prendre contact avec lui. Bien souvent, il suffira de décaler sa fréquence de quelques dixièmes de Mhz pour ne plus gêner l’autre.
Sur Paris, il n’en va pas de même. C’est la cacophonie ! Le nombre de radios FM explose : il faut admettre que la bande FM n’est pas plus large ici qu’en province, 88 à 108 Mhz ! Certaines disposent de budget conséquent leur permettant d’atteindre des puissances élevées et jouer les trouble-fête ! On retrouve l’anarchie et les incivilités connues des utilisateurs de CB à une époque. A Paris les radios sont si nombreuses qu’en circulant avec un autoradio allumé, il suffit de passer d’une rue à un carrefour pour passer d’un émetteur à un autre !
Le tuner qui n’avait que les 3 radios FM étatiques à capter n’est plus suffisamment précis et a toutes les peines à se caler sur une radio et une seule ! Cette évolution de la FM va amener les industriels à produire des récepteurs grand-public plus performants.
UN NOM POUR LA RADIO
Et un nom qui sonne bien, si possible ! Toute l’équipe est mise à contribution pour trouver le nom à donner à la radio. Le R de radio sera conjugué à toutes les sauces. La première idée va déboucher sur des « Radio-quelque-chose ». Oui, mais quoi ? De plus, il faut s’assurer que les initiales puissent constituer un sigle facile à décliner, et imaginer l’annonce « Vous écoutez RYZ sur 95 point 2… ». qui sera très souvent diffusée à l’antenne pour s’identifier et se faire connaître.
Au passage, on peut noter qu’on annonce la fréquence « 95 point 2 » et non « 95 virgule 2 » une syllabe au lieu de deux pour aller plus vite !
Certains ont des idées géniales tenant du slogan, Nouvelle Radio des Jeunes ou NRJ, radio qui ne manquera pas d’énergie ! Pour ne parler que des radios proches du Havre, on trouvera également
des termes génériques (sans signification particulière) comme SKYROCK, RESONANCE ou SOLARIS (Yvetot)
des noms liés à une situation géographique RADIO PORTE OCEANE ou RADIO CAP DE LA HEVE, liés à la présence de la mer avec RADIO ALBATROS ou RADIO FORCE 7 (la tempête).
des noms définissant un style comme NOSTALGIE ou RIRE ET CHANSONS
Etc, etc
UNE BONNE DOSE DE BRICOLAGE
Construire une installation électrique en 220v chez soi ou assembler les éléments d’une chaîne HI-FI ne pose pas de problème particulier à un bon bricoleur mais une radio va vite demander des connaissances techniques qu’il va falloir acquérir sur le tas. Outre les éléments « basse fréquence » reliés à la table de mixage, nous devons maîtriser des matériels totalement nouveaux : le pilote HF, son amplificateur et l’antenne. Les fournisseurs sont peu nombreux, parfois peu compétents et nous-mêmes, sommes incapables de choisir à bon escient un montage plutôt qu’un autre !
Mais il faut se lancer : nous sommes conscients qu’il nous faut occuper une fréquence et bien que l’installation ne soit pas complète, nous allons émettre à titre d’essai. Quelques membres de l’équipe sont prévenus et vont guetter en différents points de la ville l’apparition de la porteuse puis du premier signal suivi d’une musique entrecoupée de temps en temps par le message « Vous écoutez R…. ». A l’époque, je réside au 17ème étage d’une tour de Caucriauville. Vu ma situation particulièrement dégagée, je capte sans problème l’émission venant de Sanvic et en informe par téléphone. En ville basse, les résultats sont inégaux, le signal ne passe pas partout avec un niveau satisfaisant. Par contre, coup de théâtre : un habitant de Manéglise appelle pour signaler qu’il nous reçoit tout à fait correctement ! A vol d’oiseau, il se situe à un peu plus de 13 kilomètres !
Nous allons, bien sûr, multiplier les essais, orienter l’antenne dans différents axes, apprendre qu’un dipôle est plus efficace lorsqu’il est « taillé » en fonction de la fréquence et prendre en compte la topographie du Havre. La ville est grosso-modo inscrite dans un triangle de 60° avec la Manche à l’Ouest et le port avec l’estuaire au Sud : n’en déplaise aux cormorans mélomanes, il faut diffuser en priorité vers l’intérieur des terres, donc cap vers le Pays de Caux. Par ailleurs, la ville est disposée sur 2 niveaux, ville basse et ville haute. Pour rayonner au maximum, l’endroit le mieux adapté se situe en ville haute et près de la ligne de rupture entre ville basse et ville haute.
Pour s’en convaincre, voyez de nos jours ce pylône situé à l’angle des rues de Cronstadt et Félix Faure, cette antenne sur l’un des 3 réservoirs au 45 rue Salvador Allende et bien sûr, le relais de télévision rue Andréi Sakharov…
Les bricoleurs de l’équipe ont du pain sur la planche pour compléter l’installation de la radio……

 LES RADIOS PIRATES SUITE…..(3)

LES RADIOS PIRATES, LEUR NAUFRAGE ET

AUTRES RADIOS PRIVÉES

Notre ami EPHEM se chargeant de nous narrer, par l’intérieur, la naissance des radios FM des années fin 1970 /1980 qui vont à leur tour saper le sacro saint monopole de la radio diffusion, nous revenons à nos crêtes de vagues.
Si les radios anglo-saxonnes sont les plus connues de nos jours, l’idée d’émettre à partir d’un navire a commencé bien avant ; pas quand même au déluge avec Noé, mais aux débuts des années 60′ et la grande bagarre se situe un peu plus au Nord, sur la mer du même nom, car si les septentrionaux ont la réputation d’être réservés et distants, titiller les autorités n’est pas pour leur déplaire et il a fleuri dans ces eaux froides moult expériences d’émissions.
En partant de cheu nous et en allant vers le pôle, nous trouvons chez les Bataves ; Radio Véronica qui a vécu son bonhomme de chemin pendant quelques années à partir des années 1960. Bien entendu le gouvernement Néerlandais a fait tout son possible pour lui mettre des bâtons dans les roues mais pendant des années cette fréquence a émis de son bateau, vers les auditeurs des Pays Bas
En remontant vers le froid les scandinaves ont eu aussi les leurs ; Radio Mercur dès 1958 au Danemark et Radio Nord en Suède en 1960 pour ne citer qu’elles.
Toutes « hors la loi », selon leurs gouvernements, ayant des navires aux pavillons de « complaisance » compatibles de près ou plus souvent de loin voire même de très loin avec l’Autorité Internationale d’Attribution de Fréquences, ensemble sur une mer tout sauf calme avec des programmes fréquemment enregistrés à terre sur bandes parvenant par ruses aux bateaux émetteurs.
Les tempêtes n’étant pas rares sous ces latitudes, parfois le bateau rompait ses ancres et s’échouait, alors gare à la saisie et souvent faire des prodiges pour appareiller de nouveau.
Toujours à la base ,et cela sera commun à toutes mes élucubrations, des hommes d’affaires et beaucoup de pépettes car c’est pas donné la logistique d’un émetteur en Modulation d’Amplitude, avec musique, DJ et si possible des infos. Vu le climat, je vous laisse imaginer la vie à bord….. Point commun de toutes ces émissions c’est que les auditeurs sont bien au rendez-vous contre les autorités….
Encore ensemble, Scandinaves, Hollandaises ou anglo-saxonnes se sont vues poursuivies par différentes lois devenues internationales pour leur faire cesser leur émission souvent en coupant le cordon ombilical des revenus via la publicité ou des interdits personnels de retour au plancher des vaches.
Mais si elles vont toutes tomber, le ver est dans le fruit et les monopoles coulent leurs derniers jours heureux.
Pour saler un peu mes propos, deux anecdotes ; la première, non vérifiée, la Grande Bretagne regardait ces radios pirates avec condescendance jusqu’au moment où un bruit circula qu’un gouvernement blanc d’Afrique Subsaharienne aurait l’idée de mettre au large des côtes de la perfide Albion un bateau émetteur pour leur faire part de leur mécontentement au sujet de la politique extérieure de la Couronne. Peu ou prou le flegme anglais s’énerve de la chose et s’inquiète des ces merveilleux fous voguant sur leur drôle de bateau en mettant du persil dans les trous de nez de la BBC et de la gentry en particulier.
Fi du calumet de la paix au Navy Cut, on ressort la hache de guerre en acier de Sheffield et les décrets d’interdiction….
Deuxième anecdote qui repose sur le fait qu’ on peut être du Nord et avoir le sang chaud, il y eu quelques actes de piraterie entre bateaux eux mêmes pirates, un comble n’est-il pas ? Un a d’ailleurs failli mal tourner. Radio Caroline a subi d’ailleurs un abordage en règle conjoint des anglais et des hollandais pour couper l’émetteur….
Bref de cette époque épique européenne ne reste que Radio Caroline sur satellite et Web et parfois à partir de son dernier vaisseau le Ros Revenge .
Il reste aussi à savoir que ces radios pirates ont « sévi » à l’échelle mondiale, sur mer et aussi …..sur terre.
Je vous renvoie à l’excellent livre de Daniel Lesueur «  Histoire des bateaux pirates de Radio Caroline à la FM » je viens de l’acheter et suis en train de le lire, c’est passionnant, ça se lit comme un polar, et,si le sujet vous intéresse investissez quelques euros vous ne le regretterez pas.
Vous me direz, il y a d’autres gens qui ont bravé l’interdit. Je vous renvoie à l’article que j’avais fait dans ces colonnes au sujet de Radio Toulouse, mon enfant chéri, première radio commerciale privée d’avant guerre, puissante, aux programmes structurés et aux premières retransmission en direct, le signal est fort et stable, mais durant toute son existence, ce ne fut qu’un jeu de chat et de souris, et de coups bas avec le Ministère des PTT avec des autorisations provisoires qui devenaient « définitives » jusqu’à plus ample informé….une guerre d’usure qui a amené quand même les autorités à créer une radio concurrente dans le Sud Ouest, bénie par les PTT….Sud Radio
La guerre 39/45 a mis un terme à cette épopée.
Les mêmes comparses avaient aussi créé sur des principes tout aussi flous « Radio Andorre » avec l’appui de la principauté moyennant l’installation d’un réseau téléphonique dans tout le pays, « Aqui Radio Andorra » pour ceux qui se souviennent, un beau moment de radio victime des pressions de l’État Français et finit par se saborder, l’arrivée de la FM la condamnait à plus ou moins longue échéance, une fin pathétique , les studios furent incendiés « accidentellement »mais les émetteurs et pylônes restent intacts toujours sur place, on a cru sa discothèque détruite dans l’incendie mais retrouvée intacte il y a quelques temps et le gouvernement andorran est en train de réhabiliter le site en Musée dont l’ouverture est prévue sous peu.
J’avais aussi déliré , toujours ici, quelques lignes à ce sujet.
Et puis il y a nos deux aïeules Radio Luxembourg et Europe n°1.

Comment installer sa radio à soi, Ephem explique ….(4)

LES RADIOS LOCALES

par EPHEM

AMÉLIORER L’INSTALLATION
Nous sommes désormais en mesure d’émettre. Il sera nécessaire d’élargir la zone couverte surtout en ville basse mais pour l’instant, le plus urgent consiste à « occuper » la fréquence 24 h sur 24.
Les travaux visent à rendre la régie confortable, et compléter le matériel par un magnétophone à bande sur lequel on enregistre un programme musical qui sera diffusé la nuit. Une modeste table de mixage (6 entrées) va recevoir deux tables de lecture pour les vinyles, un micro pour l’animateur et le magnétophone. Le « retour antenne » est assuré par un casque audio relié à un petit récepteur.
L’animateur sera debout devant la table de mixage et comme il se déplacera sans cesse pour chercher un disque dans les bacs, le placer sur une platine de lecture, le présenter… un soin tout particulier est accordé aux meubles supportant ces tables de lecture pour qu’ils ne communiquent pas les vibrations éventuelles ; elles doivent pouvoir fonctionner de façon irréprochable car, c’est à souligner, le vinyle est le seul support existant durant les années 80 : le Compact Disc, le MP3 puis le numérique sortiront bien plus tard !
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un matériel destiné à émettre de la musique, une ligne téléphonique va se révéler indispensable : le téléphone sera le moyen offert aux auditeurs pour qu’ils dialoguent avec les animateurs. Désormais, on entendra 2 à 3 fois par heure, le message « Vous écoutez Radio Machin sur 99 point 3, Radio Machin 02 35 66 7…. « 
En soirée, pendant qu’une bande magnétique tourne, nous améliorons la régie, installation électrique, mobilier, éclairage, etc…Pour le studio, nous fabriquons une table qui a la forme d’un demi-cercle dont le côté droit est parallèle à la vitre donnant sur la régie. Une fois terminé, ce dispositif peut accueillir quatre personnes assises, tournées vers la régie et disposant chacune d’un micro.
Côté Haute Fréquence, nous testons un ampli HF un peu plus puissant : résultat satisfaisant mais les propriétaires des pavillons voisins se plaignent d’entendre le son de la radio dans leur téléviseur ! Nous distribuons aux plus proches des filtres à insérer sur leur câble d’antenne TV ce qui donne apparemment quelques résultats. Les néophytes que nous sommes entendront parler de T.O.S. soit Taux d’Ondes Stationnaires, que ce taux s’il est élevé peut nuire à l’émetteur et qu’il résulte du type d’antenne, de la hauteur du mât supportant celle-ci entre autres facteurs. En résumé, il s’agit d’une partie de l’énergie HF produite mais mal dissipée, donc installation et antenne à améliorer …
LE « RECRUTEMENT » DES ANIMATEURS
Comme je viens de l’évoquer, le seul support disponible pour la musique est le disque vinyle. Durant la nuit une bande magnétique est utilisée mais dans la journée ce sont les animateurs qui vont se succéder en régie pour diffuser leur émission, généralement de 2 heures, et à raison de 3 minutes en moyenne par « plage » de disque, il n’y a pas de temps mort en régie !
Evidemment, recrutement n’est pas le terme exact dans la mesure où la station va choisir parmi les candidats (assez jeunes pour la plupart) venant spontanément à nous. Parmi ces volontaires on distingue différents profils :
Depuis des mois déjà, ayant aménagé un mini studio, 2 pick up, 1 micro et un émetteur FM bidouillé portant à 100 mètres, il se fait plaisir à faire écouter ses disques aux voisins (et complices) du pâté de maisons. Pour lui, passer à la radio locale constitue une véritable promotion !
L’autre est un DJ (Disk Jockey) avec plus ou moins d’expérience. Il a animé en différentes occasions une fête, un mariage, une boum entre jeunes… Il n’aura aucun problème pour maîtriser le matériel en régie mais sera quelque peu frustré, au moins dans les débuts, de ne pas pouvoir ressentir les réactions d’un public qu’il ne voit pas. Très vite, il compensera ce vide en encourageant les auditeurs à réagir par téléphone interposé.
Le profil le plus couramment rencontré est celui d’un jeune, aimant la musique contemporaine, disco ou d’un style particulier, capable de s’investir dans l’aventure qu’est la radio mais n’y connaissant rien. Il aura parfois des difficultés avec le matériel et sera plutôt stressé, redoutant la panne qui lui ferait « perdre les pédales ».
Dans certains cas et pour s’assurer des capacités d’un futur animateur, l’équipe demande à celui-ci d’enregistrer une maquette. En dehors des aptitudes à composer un programme musical, il est important d’analyser la présentation, l’élocution et le vocabulaire employé. Le ton peut être jovial mais ne doit jamais tomber dans la grossièreté. L’animateur donne le ton de la radio et l’auditeur se fera une opinion en fonction de ce qu’il entend.
L’ensemble des membres gérant la radio doivent pouvoir faire confiance au futur animateur quant à son comportement : il sera parfois seul en soirée et pourrait se laisser déborder par quelques copains ou des fêtards quelque peu éméchés… Et là se pose également la question de la sécurité.
La radio constitue parfois un bon tremplin pour un animateur en lui permettant de se faire connaître et, s’il est doué, sortir du lot. Un certain havrais nommé Laurent Ruquier a fait ses premières gammes au sein d’une radio locale (Radio Force 7) dont l’antenne se situait dans les jardins du Carmel, rue Félix Faure .
La radio réserve parfois bien des surprises, en voici un exemple :
Un soir, un responsable de la station me téléphone et me demande:
– Dis-moi ce que tu penses de cet animateur, c’est la première émission d’un petit nouveau.
J’allume la radio. Je note quelques hésitations dans la présentation des disques, que je mets sur le manque d’expérience mais rien de grave …
– Je ne vois pas qui cela peut être, mais si je le connais, indique-moi son nom
– Celui que tu entends s’appelle S.H… tu sais bien, celui qui travaille au Service Facturation…
– Tu te moques de moi ! Non, c’est impossible !
Je le connais effectivement ce copain et collègue dont le prénom est S… Dans la vie de tous les jours, Il bégaie énormément à tel point que lors d’une conversation, tu te prends à terminer les phrases à sa place pour gagner du temps !
– C’est pourtant bien S.H… que tu entends en direct !
Cela tient du miracle ! Seul devant le micro et sa pile de disques, pratiquement pas de problème d’élocution mais il ne faut pas qu’une autre personne s’approche ou entre dans la régie !
L’équipe gravitant autour de la radio ne se limite pas à « ceux qui causent dans l’poste ». Il y a par ailleurs des bricoleurs préférant agir en coulisses, je fais partie de ceux-là. Au fil du temps et en fonction des besoins, il sera nécessaire d’entretenir mais également innover, créer et trouver des astuces en ayant recours au « système D » pour des questions de budget.
A suivre : TRUCS, ASTUCES, ESPIONNITE ….et INTOX